La Dépêche du Midi 29/03/2013
Rythmes
scolaires. Après la classe, ce sera encore plus long pour les enfants
Publié le 29/03/2013 à
08:59 | 1
Instituteurs et animateurs étaient en
grève hier. Pour eux, la réforme des rythmes scolaires se fait sans
concertation. Les animateurs alertent sur l'allongement probable de la journée
des enfants.
Une soixantaine d'instituteurs et de
professionnels de l'animation en grève, venus de toute la Haute-Garonne, ont
manifesté hier place Saint-Étienne à Toulouse, contre le décret Peillon sur les
rythmes scolaires. Celui-ci prévoit notamment, pour les communes qui le
souhaitent, de passer de 4 jours à 4 jours et demi par semaine de temps
scolaire.
Dans la manifestation les animateurs ont
pris toute leur place, pour expliquer que la réforme des rythmes scolaires
allait, selon eux, «bouleverser» l'organisation des communes, des écoles, et la
journée des enfants.
«La prise en charge des enfants en temps
périscolaire peut aller jusqu'à 5 h 30 par jour : 1 h 30 le matin, 2 heures le
midi, et 2 heures le soir», explique Franck Jenny, délégué CGT-Uspaoc
(animateurs). «La réforme prévoit d'instaurer un temps d'activité culturelle ou
sportive dans le temps scolaire. Or, comme ce n'est pas obligatoire, beaucoup
d'enfants vont se retrouver à aller au Clae avant la fin de l'école. Cela
entraînera une charge supplémentaire pour les animateurs, et cela allongera
encore le temps de présence des enfants au Clae».
«Les communes vont devoir revoir leur
organisation, leur budget. Et pour que ça coûte moins cher, le ministère leur
accorde la baisse du taux d'encadrement», ajoute Geneviève Desmaison, de
Loisirs Éducation Citoyenneté. On passera de 1 adulte pour 10 enfants à 1 pour
14 en maternelle, et de 1 pour 14 à 1 pour 18 en élémentaire. Qui peut croire
et penser que la sécurité, le bien-être et les conditions d'accueil des enfants
ne seront pas remis en cause ?»
Les animateurs, qui se disent «concernés
tout autant par la réforme que les instituteurs», estiment que si le ministre
Peillon souhaite un «temps éducatif le plus riche et le plus intéressant
possible», cela s'organise «sans réels moyens humains», «sans concertation avec
les acteurs éducatifs», «sans réflexion sur les conséquences pour les
personnels», «sans égalité entre les communes, et donc d'égalité de traitement».
Ils s'interrogent : «Sera-t-on une garderie ou restera-t-on un accueil
périscolaire de qualité» ?
«Mon fils y
passe 5h30»
Chloé est intérimaire à Toulouse, et son
mari Vincent travaille dans le bâtiment dans la périphérie. Leur fils Mattéo, 4
ans, est en maternelle dans une école du centre-ville, et trois jours par
semaine, il est obligé de rester jusqu'à 18 h 30 à l'école. Le souci, c'est
qu'il y arrive à 7 h 30. Il reste donc 5 h 30 au total en compagnie des Atsem
et animateurs extérieurs : 1 heure le matin, jusqu'au début de la classe à 8 h
30, 2 heures à midi entre la fin de la classe (11 h 30) et la reprise (13 h
30), et 2 heures le soir, de 16 h 30 à 18h30. «Je me rends compte que ça fait
beaucoup, mais c'est très difficile de faire autrement, car nous n'avons pas
les moyens de nous payer une nounou 5 jours par semaine», explique Chloé.
Alors, quand elle ne peut pas venir chercher son fils avant 18 h 30, Chloé est
obligée de le laisser au Clae. «Heureusement, les Atsem sont très gentilles
avec lui». Ce que va changer la réforme pour elle ? «A Toulouse, on est déjà
aux 4 jours et demi. Mais apparemment, c'est pour les enseignants que ça risque
de changer. Ils n'auraient plus leurs mercredis de concertation...»
Cyril Doumergue